mardi 23 mars 2010

Inondations à Cusco-Janvier 2010

Situation générale :
Cusco a connu une tempête de pluie intense du 22 au 25 janvier 2010. Malheureusement, cette information n’a pas été correctement transmise et l’on a seulement su que 1900 touristes avaient été bloqués aux alentours du Machu Picchu.
Dans la première semaine de mars, on a subi aussi le débordement de 2 rivières causant la mort de 15 personnes détruisant le village de Taray et laissant des centaines de familles sans foyer.

Village de Taray (7 mars 2010)

Village de Huacarpay (2 mars 2010) La saison des pluies est en fait un phénomène très naturel mais cette année, les pluies sont très virulentes et ont causé beaucoup de dégâts notamment en ce qui concerne le Département de Cusco qui est le plus touché du Pérou et ceci est certainement lié au phénomène Del Niño qui a lieu cette année. La saison des pluies dans les Andes commence en décembre et se termine en mars. Cela faisait 15 ans qu’il n’avait pas plu d’une pareille façon. Dans la Vallée Sud de Cusco, le maigre filet de rivière du Río Lucre s'est transformé dimanche 24 janvier en un torrent ravageant tout sur son passage. Le village de Lucre a en effet subi de nombreux dégâts, une partie du village devant se reconstruire et des centaines de familles ont pratiquement tout perdu. Dans la Vallée Sacrée des Incas, les inondations ont rasé des centaines d'hectares de cultures et nombreuses sont les familles ayant souffert, voyant sombrer sous leurs yeux leur maison et leurs appartenances. Pisaq, village colonial, a également beaucoup souffert, voyant le pont qui lie la Vallée à cet endroit se rompre et une partie du village se voir envahir par les eaux. Pareil à Urubamba, Ollantaytambo, Huacarpay et Taray... où le fleuve a atteint un débit record de 1180m3/sec... Les conséquences de cette catastrophe ont été nombreuses : 12 provinces du district de Cusco ont été affectées, plus de 100 communautés et villages touchés, 25 personnes ont perdu la vie, 35’000 personnes sinistrées, 5640 maisons totalement détruites, des milliers de maisons endommagées et une dizaine d’écoles et jardins d’enfants détruits. Des milliers de personnes ont subi ces inondations extraordinaires, malgré finalement peu de victimes mortelles et même de blessés bien heureusement... La pluie n’a pas seulement causé des inondations mais aussi des glissements de terrain, le débordement des rivières Vilcanota et Huatanay, Quesermayo, Colorado, 40 ponts détruits et 60 abîmés. Des routes ont été emportées, et surtout en ce qui concerne le tourisme, la voie ferrée qui relie Cusco à Aguas calientes-Machu Picchu est coupée à plusieurs endroits, isolant le fameux site archéologique et le village du reste du monde... Au point de vue touristique : Cusco est intact et aucun site archéologique n’a été perturbé.

On parle d’une perte de 400 millions de dollars à cause des pluies. Le tourisme a baissé énormément et Cusco et ses alentours perdent 1 million de dollars par jour de pluie. Le tourisme touche le fond est plusieurs restaurants, hôtels et agences de voyages ont fermé.

La plupart des gens sinistrés sont agriculteurs ce qui signifie que ces communautés vivent de leurs cultures de maïs, pommes de terre, fèves et légumes. La pluie a ravagé 60% des hectares cultivables. Ces gens ont perdu leur maison, leurs animaux, leurs champs de culture, leurs biens et tous leurs papiers d’identité…

Ces familles vivent actuellement dans des tentes données par le gouvernement, entreprises ou associations. Il y a entre 1 à 5 familles qui vivent par tente, sachant que chaque famille est constituée de 7 personnes environ. L’aide humanitaire est arrivée en force les premiers jours de la catastrophe. De nombreuses collectes d’aliments et d’habits ont été réalisées. Les gens se sont mobilisés pour aider au mieux mais le temps a passé, la vie reprend son cours, la routine se réinstalle et ces personnes sinistrées sont peu à peu oubliées . Elles se nourrissent des produits qu’elles ont pu sauver. Elles n’ont plus de produits d’hygiène, ni papier toilettes, ni shampoing, ni dentifrice, ni couches et se lavent dans les étangs créés par la pluie.

Certains souffrent d’infections respiratoires, de diarrhée, de parasites comme l’Amibe. Le choc émotionnel a été très fort. La plupart des enfants souffrent de problèmes de peau dus à l’eau sale avec laquelle ils se baignent. Certaines communautés se situant dans les montagnes n’ont pas reçu d’aide médicale ni psychologique.

Les tentes où vivent ces gens ne sont pas totalement imperméables et l’eau adhère au peu qu’ils ont. Quelques villages doivent être reconstruits totalement comme Huacarpay et doivent être situés dans des endroits plus sûrs. Les tensions sont grandes entre les personnes sinistrées et il y a beaucoup de différence entre ce que reçoivent les uns et les autres. Si une personne est propriétaire d’un terrain ou d’une maison, elle reçoit plus d’aide qu’un locataire.

La nouvelle année scolaire a recommencé le premier mars et de nombreux enfants sont privés d’éducation. Ils n’ont plus de livres, ni l’uniforme obligatoire et doivent payer l’inscription annuelle de l’école. La plupart de ces communautés parlent Quechua et ne comprennent pas l’espagnol. Ils sont souvent analphabètes donc trouver du travail à Cusco est très difficile.

Les présidents de communes se font très discrets et ne parlent en tout cas pas de projets de reconstruction. Quelques-uns sont corrompus et se gardent une partie des aliments pour ne manquer de rien. Le maire de Cusco a annoncé qu’il n’avait plus de budget pour l’aide humanitaire mais personne ne sait où est passé tout cet argent… Le gouvernement a déclaré qu’il parlera de la reconstruction des villages après la saison des pluies. Cusco est déclaré zone d’alerte pour 2 mois encore (jusqu’à fin avril).

Personne ne sait le futur de ces gens et ce qui les attend. Certains pensent rester encore quelques mois dans leur tente pour repartir dans leur nouvelle maison et d’autres pensent y vivre définitivement. La reconstruction est un tabou, on ne sait pas si quelqu’un va les aider à reconstruire, leur donner un nouveau terrain, leur trouver du travail pour ne plus être dépendants des autres et pour pouvoir peu à peu reconstruire une nouvelle vie avec de nouvelles bases. La situation de ces familles défavorisées était déjà critique avant la catastrophe. Ces personnes vivaient pauvrement et étaient dans le besoin, donc imaginez-vous maintenant ...

Aucun commentaire: